Par Jancy Bolté.
D’entrée de jeu, je vous le dis, je vous l’assure, il n’y a jamais eu et il n’y aura de jugement dernier.
L’homme fantasme, Dieu sourit. Que voulez-vous juger, les imperfections de l’homme ou les égarements de Dieu.
Satan a inventé, la plus sublime des anecdotes. Il n’existe pas et dieu est partout. L’ombre et la lumière.
Le jour où je le vis entrer dans ma poissonnerie, je sus que l’Haïtien errant existait, qu’il était le juif cordonnier. Le Chinois de la soie.
Thaïlandaise, l’Éternel vivant, celui qui n’avait pas le loisir de la mort pour se purifier et revenir neuf, sans mémoire d’aucun passé. Se souvenir depuis dix mille ans, 40 millions d’années, qu’importe. La mort avait été un choix de purification, pour oublier, ne plus subir les revers du remords.
La vitesse de l’éternel, la vitesse de la lumière, ça va vite dans ta tête de dire le psychiatre qui en est à sa première vie. Mais voyons, ne riez pas, ce sont des gens sérieux.
Ils ne pensent qu’à notre bien-être, nous qui faisons semblant de mourir. Chercher de nouveaux habits, papiers. Une identité toute bureaucratique, somme toute chancelante à force d’errance.
Oublier, oublier, ne vivre que l’instant qui se présente par un clin d’oeil, un éclat de voix, une autre errance qui reconnait l’élimé de la pièce. Il y a des choses que je ne saurais dire même dans une dictée pareille. Mais que je vous laisse le soin de deviner vous l’haïtien errant, celui qui a compris les turpitudes de la vie du mortel et qui par compassion choisit d’oublier autant que faire se peut. Cette goutte d’amertume qui brunit les lèvres comme un mauvais café prit en hâte sur la terrasse d’un café glauque.
L’amour aura toujours ce goût de miel et d’ambroisie, suave et amer, âpre et salvateur. Parlant d’amour, Sarah Anaïs revenait sereine comme une fée des bois qui revient vers une vie citadine pour retrouver un semblant d’éternité à travers la mort.
Patrice avait déjà 150 ans. Anaïs l’avait reconnu d’un passé lointain. Il voulait fuir, elle refusait, l’avait suivit jusqu’à cette ruelle de Jérémie délabrée à souhait. Elle le coinça sous un portique et l’appela par son nom innommable.
-Ah dit il.
-Tu n’es pas là pour rien, dit-elle
Il ne répondit pas, mais son monologue continuait de plus belle, aucun jugement dernier, foi de Judas. Il réussit quand même un furtif sourire.
Et toi !
Pour les mêmes raisons que toi! Le temps est venu de nous marier encore une fois. J’attends de toi deux enfants et ensuite l’éternelle immortalité pour nous tous.
Ah! Ce Ah! Réponse à tout
Tu es prêt à me suivre sur cette carte postale qu’est Haïti.
Thursday, May 12, 2011
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